À la médiathèque, on lit beaucoup de polars… et on a des avis ! Dans cette rubrique estivale, nos bibliothécaires vous partagent leurs coup(s) de cœur mais aussi leurs coup(s) de gueule. Un polar passé inaperçu qu’on a adoré ? On vous le dit ! Un autre, encensé par la critique mais qui nous est tombé des mains ? On vous le dit aussi.
Une sélection subjective, assumée et décalée qui va venir enrichir cette page au fil de l'été.
Beyrouth forever
David Hury (Liana Levi)
Septembre 2023. Beyrouth. Marwan Khalil, inspecteur de police attend la retraite avec impatience. Ancien soldat dans les milices chrétiennes pendant la guerre, il a participé amplement aux magouilles de la ville. Pourtant, lorsqu’une vieille universitaire est retrouvée morte chez elle et que sa hiérarchie lui demande expressément d’enterrer l’affaire, Marwan décide d’enquêter de son côté avec l’aide de sa nouvelle adjointe, Ibtissam. La vieille dame travaillait sur la réalisation d’un manuel scolaire, sans doute le premier, sur l’Histoire du Liban. Les deux flics vont devoir unir leurs forces afin d’élucider le crime de la vieille dame dans une ville marquée par des événements douloureux.
Le héros du roman se trouve être en réalité un manuel scolaire unifié à l’origine d’un crime. Au début du polar, Marwan, maronite, me paraissait plutôt antipathique, puis au fil des pages, il se révèle touchant et déterminé. Tout l’oppose à sa jeune adjointe, chiite prénommée Ibtissam, voilée. Leurs échanges et leurs confrontations nous apprennent davantage sur le Liban dont les blessures de son Histoire ne sont pas cicatrisées. Les personnages principaux sont décortiqués. Chacun porte le fardeau de cette Histoire complexe. Ce roman noir met surtout l’accent sur l’amnésie des dirigeants du pays, encore présente aujourd’hui.
Derrière le titre « Beyrouth Forever » un peu « voyant et désuet » se cache un hommage, une réelle histoire d’amour de l’auteur pour cette ville qu’il a bien connue puisqu’il y a travaillé durant 18 ans en tant que journaliste et photo-reporter.
A lire absolument !
Gros coup de coeur de Béatrice, Rive-de-Gier
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Confession
Scénario de Nobuyuki Fukumoto, dessin de Kaiji Kawaguchi (Panini)
Asai et Ishikura, deux amis du club d'alpinisme de leur université, escaladent le Mont Owari lorsque Ishikura est victime d'un accident. Pensant sa dernière heure venue, Ishikura décide de libérer sa conscience en révélant à son camarade un meurtre accompli dans le passé. Mais lorsqu'Asai réussit à porter Ishikura jusqu'à un refuge en attendant les secours, le comportement de ce dernier commence à changer et Asai ne se sent plus en sécurité.
Un huis-clos haletant qui joue avec nos nerfs !
Un manga one-shot (pas besoin d’attendre le tome 108 pour connaître la fin !) dont l’accroche est simple et efficace. Les traits des visages sont très expressifs. Même sans textes, on comprend en un regard ou une expression que tout va dégénérer. La tension intenable de ce manga nous tient en haleine.
Pour ceux et celles qui détestent lire à l’envers !
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34m2
Louise Mey (JC Lattes)
Un roman court et percutant qui raconte la terreur des violences conjugales. C'est l'histoire de Juliette, habitant un 34 m² avec sa fille depuis qu'elle a fui l'enfer d'un quotidien partagé avec un homme violent. Elle tente de s'y reconstruire physiquement et psychologiquement, lorsqu'un jour, on sonne à la porte. Elle replonge soudainement dans l’angoisse, la peur et la brutalité. Un polar haletant à huit clos qui vous tient en haleine durant ces 84 pages.
Coup de coeur de Camille, Rive-de-Gier
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Balanegra
Marto Parriente (Gallimard)
A la mort de son frère, Coveiro s’est installé dans le petit village de Balanegra. Devenu fossoyeur, cet ancien tueur à gages s’occupe désormais de Marco, son neveu autiste. Mais cette retraite aussi calme que discrète va être perturbée à la suite d’un étrange enterrement. Rubí de Miguel, femme d’affaires sans pitié, a en effet choisi le cimetière de Balanegra pour enterrer son fils, un prédateur sexuel qui vient de mourir dans d’étranges circonstances. Quelques heures seulement après l’inhumation, Marco est enlevé. Le vieux Coveiro n’a alors pas le choix : il doit reprendre les armes et retrouver ses vieux réflexes…
Ancien membre de la Guardia Civil, Marto parriente nous offre un roman bien écrit, drôle, cinglant et sanglant ! Cette histoire de vieux tueur à gages contraint de sortir de sa retraite, on l’a déjà lue et vue des dizaines de fois. Mais ce n’est pas important. L’originalité du roman de l’auteur se situe ailleurs, et en particulier dans le portrait qu’il brosse des ordures qui règnent dans ce roman. Tout s’enchaîne si vite. Le roman pourrait être adapté au cinéma. A déguster sans modération !
Coup de coeur de Béatrice, Rive-de-Gier
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La petite fasciste
Jérôme Leroy (La manufacture de livres)
L’Assemblée nationale a été dissoute pour la troisième fois en trois ans. C’est dans cette atmosphère délétère qu’évoluent les deux protagonistes du roman : Francesca Crommelynck, vingt ans, la « petite fasciste », habituée des Zones Identitaires à défendre et Patrick Bonneval, soixante ans, élu socialiste qui semble condamné à rester un éternel personnage secondaire du jeu politique.
Tout les oppose et pourtant, ils vont finir par se rencontrer.
Ce roman noir est très ancré dans le réel. Derrière tous ces personnages fictifs, on s’amuse à deviner les figures connues parmi le personnel politique actuel.
J’ai ri, des fois, je me suis ennuyée, beaucoup. Ce roman a été très bien accueilli par la critique, ce que je ne comprends pas. Jérôme Leroy a du talent, on le sait mais franchement, tout se tapage médiatique n’est pas du tout justifié !
Au chapitre 15, l’auteur a cru bon de se justifier pendant de longues phrases sur son choix de dénouement, plus que limite !
Coup de gueule par Béatrice, Rive-de-Gier