La voix brisée, rocailleuse, chargée de tensions et d'émotions des films d'Almodovar (La fleur de mon secret, Julieta,...), c'est elle.
Cette grande artiste, à la vie houleuse et atypique, est au cœur du documentaire des américaines Catherine Gund et Daresha Kyi : un portrait de femme poignant qui nous révèle, au travers d'interviews et de documents d'archives, les milles et une vies de la chanteuse.
Née au Costa Rica, elle quitte son pays dans les années 30 pour le Mexique dont elle prendra la nationalité. Commence alors une vie d'excès et de libertés.
Chanteuse de ranchera dans des cabarets de Mexico, Chavela se crée peu à peu un personnage : là où les interprètes de ce style musical sont coquettes et féminines, elle se démarque en « masculinisant » son apparence et en dépouillant ses interprétations de tous artifices, s'attachant à offrir à son public toutes les émotions qui la traversent.
A une époque où, au Mexique, les femmes en pantalon, « se faisaient insulter dans la rue », Chavela, sans bijoux, sans maquillage, en poncho d'homme, interprète de sa voix unique ces chansons d'amours déçues et de solitude, fume, boit de la tequila, porte un pistolet, est de toutes les fêtes, séduit les plus belles femmes de la haute société.
Et puis, elle disparaît pendant 15 ans. La plupart des gens la croient morte...
C'est l'Espagne qui fera renaître la grande artiste qu'elle est dans les années 90, et plus particulièrement Pedro Almodovar. Un nouveau pan de sa vie s'ouvre alors : de nouvelles rencontres, des flirts avec le cinéma (Frida de Julie Taymor, Babel d'Alejandro Inarritu), des concerts dans les plus belles salles européennes, elle qui n'avait jusqu'alors connu que les cabarets...
Le film Chavela Vargas nous fait découvrir une artiste hors norme, icône avant l'heure de la cause homosexuelle, éternelle amoureuse éprise de libertés, dotée d'une voix qu'on n'oublie pas de si tôt.
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